mardi 31 octobre 2017

Consommations ostentatoire: Thorstein Veblen

Pour Baudrillard (1970), la fonction d’un objet est une caution. Elle masque sa dimension signifiante. C’est Thorstein Veblen (1899) qui de manière emblématique va porter la critique du fonctionnalisme en discutant la consommation ostentatoire et la logique de classe sociale qu’elle sous-tend. La consommation ostentatoire marque les esprits par le souci qu’ont les consommateurs d’exposer avec leurs possessions leur statut social, leur réussite, par un mode de vie essentiellement basé sur une consommation de symboles. Les bases de cette forme de consommation sont la propriété ou la possession. C’est sur ces bases que vont se fonder l’estime des autres et la réputation, voire susciter l’envie chez ses semblables. Les individus vont s’inscrire dans une logique de cotation par la valeur. Veblen souligne ensuite qu’il ne suffit pas de posséder des biens matériels ; il est indispensable de les exposer, de montrer sa répugnance à l’égard des activités productives et de disposer de loisirs qui permettent l’oisiveté ou plus exactement la « consommation improductive du temps ». Cela se traduit par une consommation de biens immatériels comme les jeux, le sport, les animaux d’agrément, la musique, mais aussi matériels tels que l’ameublement, les vêtements ou l’équipement. Les bonnes manières accompagnent ces loisirs comme les résidus d’anciens actes de domination. Qu’il s’agisse de nourriture, de vêtements ou d’accessoires divers, la consommation se spécialise également en qualité et l’homme de la classe de loisir doit les consommer comme il sied. Cette classe tend à se structurer et produire un système sophistiqué de rangs et de grades et l’imitation des rangs ou grades supérieurs y est de mise. La rivalité mimétique ne peut échapper à ce système. L’étalage somptuaire suit des normes sociales du bon goût et tout contrevenant risque le discrédit. Plus l’objet de consommation est cher, plus il est inutile et plus il est apprécié. La banalité est la plus cruelle des sanctions, car ce qui est banal est accessible par le plus grand nombre et n’a pas grand intérêt lorsque le consommateur est prisonnier de la comparaison sociale.


R. Ladwein (2017), Malaise dans la société de consommation, essai sur le matérialisme ordinaire, EMS, Caen.
http://www.culture-materielle.com/materialisme-societe-consommation.html